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Une heure durand… avec Fabienne Durand
Que diriez-vous d’une danseuse contemporaine qui se lance dans le One Woman Show ?
Sûrement la chose suivante : « la pauvre fille, parce qu’elle s’imagine que savoir sautiller sur scène et mouliner des bras va lui permettre de galvaniser les foules ? Ha ha, y’en a qui doutent de rien… ».
Ah! bon... Vous êtes sûr? Rencontre avec la comédienne...
... Oui, effectivement, c'est ce que le spectateur lambda pourrait se dire en mettant le premier orteil dans la salle de spectacle.
Et que ça s’assoit bruyamment, et que ça pousse des fesses le voisin, et que ça commente tout :
- Bah, on est serré!
- Ah! non, le grand là, il va pas s’asseoir devant nous, on va rien voir !
Et que ça papote avec la voisine :
- Tu l’as connais, toi, la Durand ?
- Non, elle sort d’où ? De chez Drucker ?
- Je crois pas… Sébastien peut-être ?
- Ou « la classe » ?
- Ben, non, ça n’existe plus, ça !
- Ah ! regarde, ça commence !
Je vous épargnerais les autres commentaires, je suis gentille.
Donc, me voici installée presque confortablement dans la salle du Petit Théâtre du Boulevard à Peyrestortes, petite localité des Pyrénées-Orientales, à côté de Perpignan, en Pays catalan. Difficile à prononcer « Peyrestortes », et à se souvenir aussi.
Quand la copine me demandera le lendemain :
- T’étais à un spectacle ? C’était où ?
- Euh… banlieue de Perpignan !
Eh ! oui, c’est ça quand on a un mémoire de poisson rouge !
L’essentiel est que mon GPS ait trouvé Peyrestortes, quant à moi, je prendrai des cours de catalan plus tard.
Donc, je suis installée presque confortablement (on ne peut pas tout avoir...) et je vois arriver le premier personnage de Fabienne Durand, qui donne tout de suite le ton en danseuse aussi allumée qu'essoufflée. Nous sommes dans le burlesque, dans le cabaret, c’est du spectacle, on va se régaler. Et les personnages s’enchaînent, servis par une artiste-caméléon, qui prend apparemment autant de plaisir que ses spectateurs. La Durand s’amuse avec ses facéties scéniques, s’éclate, et nous aussi !
De la bonne sœur rigide ou frigide, on ne sait pas trop, au langage cru, à l’investisseuse de caveau funéraire qui ne doute de rien, jusqu’à la strip-teaseuse qui se coince la tête dans son pull, et enfin l’excellentissime et attachante femme-canon, le spectacle fuse. Vite, très vite.
Fabienne Durand nous entraîne dans une farandole de personnages. Nous avons là un petit brin de femme qui ne ménage pas ses efforts, ni ses effets de scène pour nous dépeindre son univers au travers de portraits de femmes, aussi étonnantes que détonantes.
Fabienne Durand, durant son heure (tout le monde suit ?) mixte tous les talents : comédienne, mime (les influences de Charlie Chaplin sont là et servent l’artiste), chanteuse et danseuse. Nous avons même droit à une version parodique de « Pull marine » avec une Adjani envahie par son vomi des lendemains de fête… Pas glamour mais efficace. La salle rit.
Accompagnée par son fidèle porte-manteaux, qui lui permet de changer de tête et de costume à vitesse grand V, Fabienne Durand y va. L’artiste est cash, elle envoie, et déploie son spectacle avec son grain de folie à elle. La patte « Durand », quoi !
Une vraie performance scénique, doublée d’un don réel pour l’impro, car Fabienne Durand joue avec ses spectateurs, les prend à partie, se faufile entre les rangs, les fait même monter sur scène pour le plus grand plaisir de tous.
Verdict : belle prestation, très travaillée par l’artiste.
Seule "critique" ou proposition :
Peut-être cadrer un peu plus le début et la fin de chaque personnage. Une mise en scène plus nette et plus précise permettrait au spectateur de mieux se repérer au milieu de tous les personnages présentés.
Alors, au fait, que disiez-vous de la pauvre fille danseuse contemporaine qui se lance dans le One Woman Show ?
Ah ! oui, dernière chose Fabienne : « le patois du coin » n’existe pas. Oups!
Le catalan est une langue, une vraie, mais les catalans ont un coeur en or et ne vous en veulent pas, j’en suis sûre !
Je vous dis à très bientôt !
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